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Pomme morte
POMME MORTE
Je ne suis qu’une vieille pomme pourrie,
Mon corps est blette et j’ai mes vers,
J’ai la peau tachée, marron, et cramoisie,
Ma tête est en bas, je suis à l’envers.
Je me traîne au milieu des feuilles d’automne,
Froissées comme moi, en décomposition,
Le vent froid me glace et je frissonne,
Tout est gelé, c’est ainsi, à la morte saison.
Mon père le pommier se tord sous la pluie,
Ses bras déplumés de son tronc vont ballants,
Alors que je pèle d’une peau qui me fuit,
Ma chair si convoitée s’envole en coulant.
Je n’étais qu’une pomme venue du pommier,
Sucrée, douce, et pour en finir toute molle,
Je n’étais qu’une pomme un jour oubliée,
Comme un papier gras dans une rigole.
A.Cartner
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les vies muettes
LES VIES MUETTES
Les vies muettes n’ont pas de voix,
Elles gardent en elles les émois,
Elles font du silence leur patrie,
Et font se taire tous les bruits.
Les vies fluettes vont et s’étiolent,
Tant et si bien que la luciole,
Eclaire à peine, à la nuit noire,
Les grandes peines, le désespoir.
Les vies regrettent, les jours passés,
Au grand soleil au ciel d’été,
A conjuguer le verbe aimer,
En un présent presque parfait.
Les vies se jettent dans le vide,
La mer immense, la mer liquide,
Se laissent mener sur fonds d’abysses,
La mer si vague, la mer si lisse.
Les vies muettes ne parlent pas,
Les vies en miettes n’ont plus de voix,
Elles meurent sans bruit dans le silence,
Et finissent ainsi leur longue errance.
A.Cartner
www.edilivre.com
ISBN : 978-2-8121-0479-4
Dépôt légal : novembre 2008
© Edilivre Éditions APARIS, 2008
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